LES DENTS DE LA MERE OU TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA GROSSESSE ET LES DENTS
« Un enfant, une dent ! »
On transmet ce proverbe d’une génération à l’autre.
Le docteur Amzalag répond à toutes les questions de parents dans le livre « Belles dents » paru aux éditions du Seuil .
La mise au monde d’un enfant ne se fait pas au détriment des dents de sa mère. De plus, cette idée reçue est dangereuse en soi.
En effet, son nouvel état rend la future maman plus sensible aux suggestions. Elle risque donc d’imaginer que la perte d’une dent est une sorte de péage à verser pour toute naissance.
Le calcium et la femme enceinte :
L’idée reçue que le fœtus pompe la calcium de la maman est fausse. Mais il important que la femme enceinte ait une alimentation équilibrée. Si tel est le cas, le calcium, les autres minéraux et les vitamines ne feront défaut ni à la mère, ni à l’enfant.
Troubles dentaires enregistrés lors de la grossesse :
Cet état entraîne un grand bouleversement hormonal dans tout l’organisme. La bouche n’échappe pas à ce phénomène. Il est possible que vous constatiez une inflammation subite des gencives. On parlera alors de gingivite gravidique.
Attention ! Ce mot ne veut pas dire « gravissime », mais signifie « ayant un rapport avec la grossesse ». Il s’agit donc d’un trouble passager. Le dentiste vous montrera comment brosser soigneusement dents et gencives et l’inflammation disparaîtra. Si une salivation excessive se produit au cours des trois premiers mois, elle sera tout aussi provisoire.
Ces troubles passagers doivent être traités dès leurs premières manifestations. Toute négligence aurait comme effet secondaire de vous affoler. Vous pourriez alors chercher des compensations dans le grignotage ou relâcher également votre hygiène buccale. Or, chacun de ces comportements met en péril votre santé dentaire.
La première mesure à adopter :
Commencez par faire établir un bilan dentaire. Si l’état de vos dents ou celui de vos gencives n’est pas satisfaisant, le dentiste y remédiera avant la conception. Vous mettrez ainsi toutes les chances de votre côté. En effet, des études scientifiques le soulignent : toute maladie des dents ou des gencives accroîtrait le risque d’accouchement prématuré.
L’hygiène bucco-dentaire au cours de la grossesse est importante parce qu’en cas de grossesse les risques de gingivite augmentent de 35%. Les variations hormonales sont responsables de ce danger accru. Chez la femme enceinte, le taux de progestérone grimpe dans une proportion allant de 10 à 30%. Or cette progestérone développe la perméabilité des vaisseaux. En conséquence, les probabilités d’inflammation s’élèvent dans les mêmes proportions. En revanche, d’autres hormones, les œstrogènes, connaissent une baisse de production. Ce ralentissement diminue la résistance des gencives qui deviennent plus réceptives aux attaques des bactéries.
Votre dentiste vous conseillera sur les méthodes de brossage adapté et pourra vous prescrire des soins buccaux (fil dentaire, brossettes interdentaires, pâtes gingivodentaire et bains de bouche). Il va vous transformer en « professionnelle » du brossage des dents. Il ne s’agira plus d’une vague manœuvre effectuée à la va-vite. Selon le cas, il conseillera la brosse à dents manuelle ou électrique. Si vous avez du tartre, le dentiste procédera à un minutieux détartrage, éliminant ainsi un redoutable gisement de bactéries.
Gingivite gravidique ou gingivite de la femme enceinte :
La gingivite spécifique de la femme enceinte peut se manifester dès les premiers mois de grossesse.
Un saignement de gencives se produit au moindre contact. Les tissus rougissent, enflent et engendrent une douleur grandissante. Mais les hormones ne sont pas les seules responsables de ce trouble. Si, au fil des mois précédents, votre brossage a été imparfait, une couche de résidus alimentaires dégradés s’est déposée sur les dents et les gencives. Des bactéries de toutes sortes viendront à leur tour s’attacher à ce dépôt. Ce mélange va donner naissance à la plaque dentaire. Elle enflammera les gencives et provoquera la gingivite.
Grossesse :
Période à risque sur le plan bucco-dentaire :
Le risque de carie peut être plus élevé lors de la grossesse, si l’on cède au grignotage, et en particulier à celui des sucreries car le sucre alimentaire est l’allié privilégié des bactéries. Ces dernières sont ainsi stimulées et sécrètent des acides qui attaquent l’émail. Dès lors, la carie dentaire peut s’installer.
Il existe un autre facteur de risque lors de la grossesse : le rejet d’acide gastrique si vous êtes sujette à de fréquents vomissements. Cet acide peut attaquer vos dents et en déminéraliser l’émail.
Dans un tel cas – et c’est bien le seul – on renonce au brossage des dents dans l’instant qui suit le vomissement. Le frottement de la brosse viendrait renforcer l’agression acide. On remplace ce soin par un abondant rinçage avec un bain de bouche fluoré. En cas de nausées répétées, votre dentiste se concertera avec votre gynécologue. Il conviendra peut-être de modifier votre alimentation.
Précautions dans l’alimentation :
D’une part, il y a les restrictions. Elles concernent les sucres alimentaires industriels, l’alcool, le tabac, le café et le thé. En revanche, il convient de fournir à l’organisme des apports importants en vitamines, en oligo-éléments et en minéraux.
Dans le cas particulier des dents, on insistera sur la vitamine D présente dans les poissons gras (hareng, saumon, maquereau, sardine), le pollen et le germe de blé (dans ce dernier, on rencontre aussi la précieuse vitamine E en grande quantité).
Important facteur de minéralisation, la silice a pour source naturelle principale la prêle (sous forme de gélules), mais aussi la graine de tournesol, la laitue et le concombre.
Quant à l’indispensable calcium, en cas d’allergie aux produits laitiers, vous le trouverez en quantités importantes dans le sésame (huile et graines), les noix, noisettes et amandes ou encore l’algue Wakamé (disponible dans les magasins de diététique).
Pour un parcours sans faute :
« Mode d’emploi » du dentiste au cours de ces 9 mois :
La réussite du parcours repose en effet sur un suivi constant de votre état dentaire. Ce dernier, on l’a déjà vu, est lié à la forme générale. Pour cette raison, le dentiste doit rester en rapport avec votre médecin. Il saura ainsi, par exemple, si vous avez de l’hypertension ou présentez des risques d’accouchement prématuré. Dans l’un de ces cas, il accentuera encore les précautions afin d’éviter toute complication.
Il évitera de multiplier les prises de clichés radiographiques pour ne pas irradier l’enfant à naître. Au cours des trois premiers et des trois derniers mois de la grossesse, il observera une extrême prudence dans l’utilisation de l’anesthésie afin de réduire les possibilités de contractions prématurées.
Si une intervention dentaire urgente s’impose au cours de ces phases délicates, le dentiste utilisera un anesthésique sans adrénaline. Cette anesthésie sera moins parfaite, car l’adrénaline, en contractant les vaisseaux, retient mieux la substance anesthésique sur la zone à traiter. D’autre part, elle accélère le rythme cardiaque et accroît du même coup les possibilités de contractions prématurées. Un peu moins de confort opératoire sera donc le prix à payer pour davantage de sécurité.
Tout au long des 9 mois, la fréquence de vos consultations sera établie en accord avec le dentiste.
Cependant, lors des 3ème et 6ème mois, ces contrôles sont impératifs.