Une nouvelle philosophie de soin préventifs développée par le Dr Alain et Jéremy Amzalag.
PROTÉGER SON PATRIMOINE DENTAIRE
Seul élément apparent de notre squelette, les dents conditionnent en partie notre santé : une infection dentaire non traitée peut induire des pathologies cardiaques, des rhumatismes, une sinusite ou encore une asthénie. Les dents peuvent également être à l’origine des premiers signes du vieillissement du visage ; leurs altérations provoquent son affaissement et accentuent les rides. La prévention et le traitement des problèmes dentaires permettent donc d’éviter des maladies et de retarder le vieillissement.
1. Les dents, le cœur et les artères
Le nerf de la dent est composé de vaisseaux sanguins et de fibres nerveuses; la dent est donc un organisme vivant qui communique via, la circulation sanguine, avec l’ensemble de l’organisme. Lors d’une infection dentaire, les germes peuvent diffuser dans le sang et atteindre les organes vitaux. C’est la raison pour laquelle il faut prévenir les infections buccodentaires afin de se protéger des maladies provoquées à distance.
- L’endocardite infectieuse : Une infection buccodentaire non traitée risque d’avoir des répercussions grave chez des personnes à risque, notamment en cas d’anomalies cardiaques – des anomalies de valves ou certaines cardiopathies congénitales -; car les bactéries peuvent provoquer une infection cardiaque redoutable : l’endocardite infectieuse, c’est-à-dire une infection de l’endocarde – l’enveloppement interne du cœur. Les patients ayant souffert dans leur enfance de rhumatismes articulaires aigus sont également susceptibles de présenter une endocardite. Dès le premier rendez-vous, il est donc essentiel de signaler à son dentiste toute pathologie de cet ordre.
- Des accidents vasculaires : Un mauvais état buccodentaire peut également être la cause d’une inflammation chronique, provoquant un stress oxydatif au long cours. On suspecte fortement que cette inflammation engendre ou favorise l’athérosclérose, c’est-à-dire une inflammation chronique des artères de l’ensemble de l’organisme, accompagné d’un dépôt de cholestérol ; cette athérosclérose peut être la cause d’accidents vasculaires majeures tels qu’un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ou une rupture d’anévrisme.
2. Les précautions à prendre
Dans de nombreux cas médicaux et chirurgicaux, une infection dentaire peut s’avérer dangereuse.
- Lors d’un pontage : Tout foyer infectieux dentaire doit être éradiquer avant un pontage aortocoronarien afin d’éviter une infection post-opératoire.
- Si vous avez un pace maker : La sonde implantée dans le cœur et reliée au pace maker constitue un corps étranger, qui favorise le risque d’infection. Les patients porteurs d’un stimulateur cardiaque doivent surveiller leur état dentaire de façon à prévenir tout foyer infectieux.
- Attention aux anticoagulants : D’une manière impérative, les personnes sous traitement anticoagulant doivent prévenir leur chirurgien dentiste avant tout soin, car ces médicaments, qui sont notamment prescrits lors de certaines pathologies cardiaques, augmentent les risques de saignement, donc d’hémorragie. Le dentiste pourra demander, en accord avec le médecin prescripteur, l’arrêt de ces traitements quelques jours avant les soins à effectuer.
- En cas d’opération chirurgicale : Patiente ou latente, une infection dentaire peut compromettre la réussite d’une intervention chirurgicale, voire mettre en danger la vie d’un patient. C’est la raison pour laquelle, au cours des bilans préopératoires, un contrôle dentaire est souvent prescrit afin de traiter les foyers infectieux.
- Pour les greffes et les interventions à risque : Le traitement des infections dentaire est primordial avant toute greffe, par exemple rénale ou cardiaque. En effet, la mise en place d’une prothèse ou d’un organe requiert une extrême vigilance afin que le corps étranger ne soit pas colonisé par des bactéries. Certaines interventions cardiaques réalisées en urgence amènent le chirurgien à indiquer l’extraction d’une dent suspecte, le pronostic vital du patient étant en cause. De surcroît, les patients greffés doivent redoubler de précautions, car les médicaments antirejet diminuent leurs défenses immunitaires; la moindre infection dentaire risque alors d’avoir des conséquences graves sur ces organismes affaiblis.
- En ophtalmologie : Il est fréquent de réaliser des bilans dentaires avant certaines interventions sur l’œil, particulier pour l’opération de la cataracte, où le cristallin est remplacé par une prothèse. Si cette dernière est atteinte par des bactéries d’origines dentaire, elle développera une infection risquant de compromettre les résultats de l’intervention et de provoquer une perte de l’acuité visuelle.
- En orthopédie : Toute intervention orthopédique - prothèses des hanches, du genou et autres chirurgies osseuses- nécessite les mêmes précautions.
- En cancérologie : Les praticiens s’assurent qu’il n’existe pas de foyer infectieux dentaire, car les chimiothérapies détruisent en grande partie les globules blancs, premières barrières de défense de l’organisme contre l’infection; dans ce cas, une infection dentaire risque de provoquer une septicémie, qui peut s’avérer mortelle. Toute infection dentaire doit être également éradiquée si une radiothérapie de la région maxillaire est envisagée.
3. Pour éviter les sinusites
Certaines dents sont en relation avec les voies aériennes supérieures; ces dernières comportent des cavités osseuses tapissées de muqueuses, qui sont en contact avec les fosses nasales : les sinus. Les infections dentaires des molaires, des prémolaires et des dents de sagesse supérieures peuvent occasionner des pathologies ORL telles que les sinusites.
Un certain nombre de sinusites sont d’origine dentaire. Ainsi, une sinusite peut survenir après la dévitalisation d’une dent, si un fragment ou un morceau de la pâte utilisée pour obturer les canaux a été projeté accidentellement dans un sinus; si la plupart du temps cet « accident » reste sans conséquences, il peut parfois provoquer une sinusite aiguë. Un drainage des sinus par voie chirurgicale ou endoscopique s’avère alors nécessaire pour éliminer ce corps étranger.
4. En dermatologie
Des lésions cutanées récidivantes dont la cause est inconnue, par exemple le psoriasis, l’eczéma ou la pelade, possèdent parfois un point de départ dentaire. Il suffit alors de traiter le foyer infectieux pour que ces lésions disparaissent sans aucun traitement dermatologique.
5. Chez les personnes diabétiques
L’altération des vaisseaux sanguins et des fibres nerveuses provoquée par le diabète entraîne des répercussions sur les dents et les gencives, et affaiblit les défenses immunitaires des personnes diabétiques, en effet, à cause de la modification du seuil de la douleur, les affections dentaires restent plus longtemps silencieuses. A l’évidence, ce dysfonctionnement du signal d’alarme de la douleur accentue les pathologies dentaires chez les personnes diabétiques.
De plus, ces patients cicatrisent moins bien, leurs gencives étant plus fragiles; les caries découvertes sont alors plus profondes et la plaque dentaire provoque des parodontites, avec un risque de déchaussement des dents. De ce fait, les personnes diabétiques doivent être conscientes que l’évolution de leur patrimoine dentaire dépendra d’une bonne prévention; elles devront donc informer leur chirurgien dentiste de leur pathologie afin qu’il puisse adapter ses soins et le rythme de ses contrôles.
6. Sur les muscles et les articulations
Les infections à distance surviennent parfois au niveau des articulations et des muscles. C’est la raison pour laquelle – aussi étonnant que cela puisse paraître – les infections dentaires risquent de retentir sur les performances sportives, entraînant notamment une asthénie, une fatigue musculaire voire des claquages; tous les chirurgiens dentiste et les médecins du sport le confirment. A leur tour, certaines formes d’arthrite sont provoquées par des infections dentaires, pouvant déstabiliser des maladies rhumatologiques chroniques, qui évoluent par poussées, tels la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus érythémateux disséminé.
7. L’équilibre du squelette
Constituant la première articulation mobile du corps, les mâchoires permettent l’emboîtement des dents et déterminent l’équilibre de toutes les autres articulations. Des dents qui ne s’emboîtent pas parfaitement provoquent des tensions musculaires risquant de retentir sur les vertèbres cervicales, sur la colonne vertébrale et jusqu’aux hanches. En réalité, le centre de gravité du corps peut être dévié à partir de l’articulation de la mâchoire si cette dernière présente un défaut.
L’emboîtement harmonieux des dents -ce que les dentistes nomment l’occlusion- conditionne donc l’équilibre du squelette : un décalage d’un dixième de millimètre peut provoquer une déviation de la mâchoire, induisant un trouble de l’équilibre du squelette et entraînant des défauts de posture. De même, une dent extraite non remplacée est susceptible d’engendrer le déplacement des autres, provoquant une dysharmonie de l’emboîtement. Après que le centre de gravité ait été dévié, on observe des répercussions sur les muscles, les tendons et les articulations, par exemple des contractures et des tendinites, autant d’affections que les sportifs connaissent bien.
8. Le bruxisme
Le bruxisme, appelé communément grincement des dents, peut apparaître dès l’adolescence; ce phénomène est accentué par le stress de la vie moderne. Les mâchoires sont programmées pour mastiquer pendant la durée du repas; les personnes qui grincent des dents font travailler leurs mâchoires et leurs articulations toutes les nuits durant leur sommeil ou dans la vie courante. En apparence anodin, ce sur-régime provoque une fatigue articulaire et musculaire, associé à une usure prématurée des dents; il peut également entraîner des contractures voire une arthrose temporo-mandibulaire, ainsi qu’un affaissement et un vieillissement prématuré du visage.
- Pour prévenir ces risques, il suffit, pendant son sommeil, de porter une gouttière en silicone, qui maintient une ouverture d’un demi-millimètre, plaçant ainsi d’une manière automatique les muscles au repos et arrêtant cette usure des dents.
9. Prévenir le vieillissement du visage
- Le déchaussement des dents : Associées à des négligences de l’hygiène buccodentaire, les attaques bactériennes risquent de provoquer des problèmes de gencives et d’os maxillaire tels que la maladie parodontale, appelée communément déchaussement.
= La fréquence des contrôles et des détartrages et, dans certains cas, de traitements parodontaux adaptés permettront de prévenir ou du moins de repousser l’arrivée de ces pathologies.
- Le jaunissement des dents : Les dents jaunissent avec le temps: l’émail – la couche externe de la dent – diminue et révèle la dentine, plus foncée – un tissu minéralisé sous-jacent.
= Ce jaunissement peut être compensé par les nouvelles techniques de blanchiment dentaire, qui réactivent la blancheur originelle.
- Les prothèses dentaire : Fixe ou amovible, toute prothèse dentaire doit, au-delà de sa fonction mécanique , respecter parfaitement l’équilibre et le cadre du visage, le sourire originel, l’identité et la personnalité du patient ; la forme, le volume et l’orientation des dents façonnent le sourire et le visage.
= Il serait intéressant de préparer une véritable banque de données dès l’âge de vingt ans, qui serait constituée de photographies du sourire et d’empreintes en trois dimensions des dents, et de renouveler l’opération tous les dix ans. Cela permettrait au dentiste de suivre l’évolution de la dentition ; lors d’une reconstruction prothétique, il pourrait ainsi posséder de solides références permettant de restituer le sourire originel. Dans cette dynamique, le patient devient partie prenante de cette reconstruction prothétique, retrouve son identité et, en règle générale, intègre bien ses nouvelles dents.
- L’implantologie : La perspective des prothèses amovibles -synonyme de corps étranger- semble reculer de plus en plus au profit des implants, qui s’intègrent d’une manière définitive et naturelle. L’implantologie constitue une véritable révolution médicale, qui repousse les limites de la vieillesse.
= Grâce au scanner, il est désormais possible d’avoir une évaluation de la masse osseuse et de sécuriser l’intervention. La pérennité des implants peut alors égaler celle d’un traitement prothétique fixé classique.
- La chirurgie esthétique : Le chirurgien plasticien devrait inviter son patient à consulter son chirurgien dentiste avant de procéder à un lifting. En effet, il est important de vérifier au préalable que l’équilibre du visage n’a pas été atteint par des troubles dentaires non traités. Le rétablissement de l’intégrité dentaire ne peut donc que contribuer à améliorer le résultat de l’intervention esthétique.
Dans le cas d’une rhinoplastie, il existe également une relation étroite entre l’importance du nez, la forme et la position des dents. En effet, tout travail effectué sur l’épine nasale tire d’une manière inévitable sur les lèvres et risque de provoquer un sourire gingival disgracieux ; le chirurgien plasticien devra donc tenir compte de la morphologie dentaire de son patient afin d’éviter ce phénomène. De même, une relation étroite existe entre le cadre du visage et la forme des dents ; réduire d’une façon exagérée un nez important peut faire ressortir les défauts du sourire originel, qui n’ont pas été décelés auparavant.
Le meilleur allié : Au fil de l’existence, le chirurgien dentiste apparaît donc comme le témoin privilégié de l’évolution d’un visage ; de ce fait, il constitue un intervenant majeur dans la préservation de son esthétique.